samedi 19 novembre 2011

Le fond et la forme ?

J'entends bien souvent faire appel à la vieille théorie qui distingue le fond d'un côté et la forme de l'autre ( merci Platon). Deux entités séparées, la première garante de la qualité du propos, de sa profonde nécessité, la seconde representant l'enveloppe, l'illustration, la maitrise technique etc...
Certains auraient un fond et pas beaucoup de forme, d'autre une forme agréable à l'oeil mais pas de fond ( un simple décor), d'autre encore auraient la chance d'avoir les deux (ne parlons pas des malheureux qui n'auraient ni l'un ni l'autre !).
Ajoutons qu'en ce qui concerne la poterie, la notion de "décor" qui lui est souvent attribuée, vient la reléguer d'un coup d'un seul à une pratique à qui on demande avant tout une qualité d'usage et d'agrement visuel (bienvenu au design !).
Bref, passons...

Aussi, faut-il préciser que le fond est définitivement d'autre nature que le propos. Une chaise de Van Gogh ou une cruxification de Rembrant sont bel et bien le vecteur du fond, le sujet à travers lequel le fond donne forme. L'objet du fond est ici la peinture. Le fond est la peinture.
Le fond trouve naturellement sa forme, elle lui vient par essence. Ou encore : à travers la technique, le fond force la forme à se mouvoir vers son propre risque. De l'autre côté, la forme une fois fixée permet une ouverture, un cheminement vers le fond. Continuité et discontinuité.
Pour résumer et assener d'un coup d'un seul, on pourrait dire que la forme et le fond occupent le même lieu, non pas une superposition de termes identiques, mais le lieu de l'entre-deux, la clé de voûte qui permet l'ouverture.

Au japon, le rapport aux objets est bien différent, il n'y a pas de classification à proprement parler mais des productions pourvues ou non de vitalité, emplies d'âme ou dénuées de vie. L'objet doit porter en lui la vitalité transmise par son auteur. Ici, la terre mémorise, enregistre le geste, la trace témoigne de l'activité chaleureuse des mains. L'objet témoigne non de l'habileté des mains mais de leur intelligence. L'émotion est ici au centre de l'intérêt porté aux choses, une approche avant tout réflexion, une approche de l'origine, au fond du bol, au creux des mains. Une approche également valable pour nous.

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